Pousser des cris de Mélusine
Mélusine, comme toutes les fées, était d'une rare beauté, mais avait été condamnée, à la suite d'une terrible malédiction, à se transformer en serpente tous les samedis. Elle voulut néanmoins vivre la vie et les bonheurs d'une simple mortelle et pour cela offrit sa main à Raimondin, un jeune chevalier du Poitou. A ce mariage, la fée ne posa qu'une condition: jamais son époux ne chercherait à la voir le samedi. Raimondin consentit à tout et le mariage fut célébré. Très vite, Mélusine apporta à son mari une immense prospérité, elle fit construire de superbes châteaux et lui donna dix fils. Tout allait pour le mieux entre les époux, bien qu'après de nombreuses années l'inévitable se fût produit. Poussé par la curiosité, Raimondin avait épié sa femme et surpris son secret. Mais il avait gardé le silence et Mélusine feignait d'ignorer son indiscrétion. Or, un jour, un des fils de Mélusine et de Raimondin, Fromont, voulut devenir moine. Cette décision rendit furieux son frère Geoffroi à la Grande Dent (ainsi nommé car l'une de ses dents était démesurée, le faisant ressembler à un sanglier). Il mit le feu au monastère, faisant ainsi périr Fromont et de très nombreux moines. La douleur de Raimondin n'eut d'égale que sa colère. Quand Mélusine apparut dans la grande salle du donjon, en larmes, devant tous leurs vassaux, il la traita de sale serpente, de qui rien ne pouvait sortir que de mauvais. L'interdit était violé. Dans la consternation générale, la fée reprit aussitôt sa forme surnaturelle et disparut en poussant des cris lamentables. Elle ne revint jamais. Mais à Lusignan, dans le Poitou, on raconte qu'à chaque fois qu'un malheur allait frapper sa famille, Mélusine l'annonçait par ses cris. Des cris de Mélusine sont donc des cris perçants, semblables à ceux que pousse la fée quand elle revient hanter son château.
source thyalkemyst